L'Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix a organisé, le 22 mai 2019 à Abidjan, un séminaire sur l'appropriation francophone de la déclaration d'engagements communs sur les opérations de maintien de la paix des Nation unies.

Ce séminaire, organisé en collaboration avec le "Programme pour le dialogue sur la sécurité en Afrique subsaharienne (SIPODI) de la Konrad Adenauer Stiftung" et les autorités ivoiriennes, s’est inscrit dans la continuité du séminaire organisé par l’Observatoire le 25 octobre 2018 au siège des Nations unies, qui fut consacré à la réflexion d’acteurs francophones autour de l’initiative du Secrétaire général de l’ONU « Action pour le maintien de la paix » (A4P). Il s’agit d’une démarche visant à renforcer la contribution francophone à la mise en œuvre de la réforme du maintien de la paix des Nations unies. 

S'appuyant sur les éléments de réflexion amorcés à New York, le rendez-vous d’Abidjan avait pour ambition d’amplifier et de traduire en mécanismes concrets d’action les propositions francophones visant à faire avancer la mise en œuvre de la « Déclaration d’engagements communs », particulièrement sur les volets du partenariat, de la formation et de la performance des troupes déployées dans les opérations de paix, mais aussi sur le positionnement francophone dans le cadre du dialogue triangulaire avec le Secrétariat et le Conseil de sécurité des Nations unies.

Le choix de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, s’est justifié au regard des deux considérations : l’entrée de la Côte d’Ivoire au premier janvier de cette année, comme membre non permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, mais aussi la trajectoire du pays, marquée par son passage du statut de pays hôte d’une mission, à celui de contributeur au maintien de la paix des Nations unies.

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ORATEURS 

Le séminaire s’est caractérisé par la présence d’orateurs de haut rang invités par l’OBG, dont, entre autres (pour plus de détails, voir le programme final) :

  • Deux Représentants spéciaux du Secrétaire général des Nations unies,
  • Le chef de l’état-major particulier du président du Sénégal,
  • Deux anciens chefs d’état-major et commandants de forces de l’ONU,
  • Le directeur de l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin BEYE de Bamako (EMP)
  • Deux anciens commandants adjoints de la force de missions de l’ONU,
  • Deux ambassadeurs (France et Canada)
  • Et des chercheurs africains et européens.

Le séminaire a en outre et surtout bénéficié de la présence, lors de la séance introductive, du Ministre d’Etat de la Côte d’Ivoire / Ministre de la Défense, S.E.M. Hamed Bakayoko, qui a effectué une allocution d’une vingtaine de minutes.

Voir le programme du séminaire

RESUME DU SEMINAIRE

La séquence introductive de la journée a permis au Directeur de Programme la Fondation Konrad Adenauer, au coordinateur scientifique de l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix, puis aux Ambassadeurs du Canada, et de la France auprès de la Côte d’Ivoire, de mettre en perspectives les objectifs du séminaire. On notera en particulier l’intervention de l’Ambassadrice du Canada soulignant la nécessité de renforcer le rôle des femmes dans le maintien de la paix.

La séquence introductive a été ponctuée par l’allocution du Ministre d’État et Ministre de la Défense de la Côte d’Ivoire, SEM Hamed Bakayoko, portant sur la trajectoire emblématique du pays et sur la portée de la réforme initiée par le Secrétaire général Antonio Guterres, afin de conduire tous les partenaires du maintien de la paix vers davantage d’excellence.

Le premier panel avait un objectif essentiellement pédagogique. Il proposait notamment un rappel succinct des attendus de l’ONU vis-à-vis des pays contributeurs de troupes en matière de maintien de la paix. Madame Fatou Gueye, Responsable des Finances à la Division de l’appui au personnel en tenue, au Département de l’Appui Opérationnel du Secrétariat des Nations unies, a présenté dans ses grandes lignes le nouveau dispositif du « one stop shop », qui constitue le point de contact unique pour les pays contributeurs de troupes et de police en ce qui concerne les questions administratives, financières et logistiques liées à la génération de forces, aux mémorandums d’accord, aux matériels appartenant aux contingents et au remboursement. En raison notamment de leur complexité et de leur caractère indispensable pour l’ajustement des offres des contributions des pays aux OP onusiennes, ces informations restent des plus demandées par nombre des primo-contributeurs et aspirant contributeurs.

La présentation du Guide pratique des pays contributeurs, par Mr. Gérard Hauy, Directeur de la société PeaceKeeping Solutions International, prestataire de cours sur les contributions aux opérations de maintien de la paix, notamment pour le Secrétariat des Nations Unies, a permis mobiliser quelques conseils pratiques relatifs à la préparation des différentes étapes qui jalonnent la génération et le déploiement d’une unité de maintien de la paix. Ont suivi en enfin les présentations des expériences respectives du Maroc et du Sénégal, comme contributeurs historiques des OP onusiennes, ainsi que celle de la Côte d’Ivoire qui a apporté son point de vue de pays néo-contributeur. Il convient particulièrement de souligner l’exposé du Général Birame Diop sur la trajectoire emblématique du Sénégal, qui constitue un modèle du cycle vertueux d’une OP, appelé à inspirer d’autres pays francophones.

Dans le deuxième panel, le séminaire est entré dans le vif du sujet en abordant les défis de la formation. La gestion de ce panel a été confiée à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), au regard de ses compétences et des nombreuses activités qu’elle mène dans ce domaine. Le directeur de l’école de Bamako a notamment pu présenter les activités de son institut, en soulignant qu’il s’agit du seul du genre dans le monde francophone. Il a pu ainsi dialoguer avec deux anciens commandants de forces de missions des Nations unies et un chercheur africain devant apporter le point de vue du monde académique et de la société civile.

L’épineuse question du dialogue triangulaire a été abordée dans le troisième panel. Ce panel a permis d’identifier et débattre des obstacles rencontrés par les contributeurs francophones dans la mise en œuvre des partenariats triangulaire efficients, mais aussi de pistes de pratiques que le Secrétariat de Nations unies et autres contributeurs de capacités pourraient soutenir.

Le quatrième et dernier panel a abordé enfin les enjeux de coopération entre missions onusiennes sur le terrain et les organisation régionales et sous-régionales africaines. La présence de deux chefs de missions et Représentants spéciaux du Secrétaire général des Nations unies ainsi que de la Représentante de l’Union africaine pour la Côte d’Ivoire a permis de nouer un dialogue sur des mécanismes concrets visant à promouvoir la complémentarité et la subsidiarité.

Ce panel a en outre été l’occasion de souligner les ambiguïtés de certains mandats assignés aux missions de paix de l’ONU par le Conseil de sécurité de l’ONU, notamment sur la question de doctrine touchant à l’usage de la force. Cette ambigüité, ainsi que les règles d’engagement restrictives, créent souvent une grande frustration parmi les populations locales, qui ne se sentent pas suffisamment protégées par les Casques bleus et qui ne comprennent dès lors pas la raison de leur présence.

Liste des intervenants au séminaire

Introduction 

  • M. Michel Luntumbue, Attaché de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), coordinateur scientifique de l’Observatoire Boutros-Ghali (OBG)
  • M. Tinko Weibezahl, Directeur du Programme pour le dialogue sur la sécurité en Afrique subsaharienne de la Fondation Konrad Adenauer
  • S.E.Mme. Julie Shouldice, Ambassadeur du Canada auprès de la Côte d’Ivoire
  • S.E.M. Gilles Huberson, Ambassadeur de la France auprès de la Côte d’Ivoire
  • S.E.M. Hamed Bakayoko, Ministre d’État de la Défense de la Côte d’Ivoire

Panel 1 - La contribution à une OP de l'ONU : attendus, défis et bonnes pratiques

  • Mme. Fatou Gueye, Secrétariat des Nations unies
  • M. Gérard Hauy, PeaceKeeping Solutions, corédacteur du « Guide du contributeur »
  • Col. Daniel Konan Koffi, Chef Bureau Equipements de l'Etat-major des armées de la Côte d’Ivoire, Instructeur sur le manuel COE (Contingent Owned Equipment) et la logistique des opérations des paix
  • Gén. Birame Diop, Chef d'état-major particulier du Président de la République du Sénégal
  • Mme. Salima Benahmed, Chef de Service de l'Assemblée Générale de l'ONU au sein de la Direction de l'ONU et des Organisations internationales du Ministère marocain des Affaires Étrangères.
  • Dr. Oswald Padonou, Chercheur associé au GRIP et à l’Observatoire Boutros-Ghali, Chargé de Programme « Politiques de sécurité » à la Fondation Konrad Adenauer. (modérateur)

Panel 2 - Les défis de la formation

  • Gén. Babacar Gaye, ancien Chef d'état-major du Sénégal et RSSG en RCA et chef de la MINUSCA
  • Gén. Cheick Dembélé, Directeur de l’École de maintien de la paix de Bamako
  • Gén. Jean Baillaud, Directeur chez Themiis, ancien Commandant adjoint de la Force de la MONUSCO
  • Dr. Paul-Simon Handy, Chef du département « Conflict Prevention and Risk Analysis » de l’ « Institute for Security Studies », Afrique du Sud
  • M. Grégory Robert, Spécialiste auprès de la Direction des affaires politiques et de la gouvernance démocratique Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
    (modérateur)

Panel 3 - Le partenariat triangulaire

  • Gén. Fernand Amoussou, Directeur de Isafrique, ancien Chef d’état-major général des forces armées béninoises et ancien Commandant de la Force de l’ONUCI
  • Gén. Bernard Commins, Commandant adjoint de la Force de la MONUSCO
  • S.E.M. Ibrahim Elkhouli, Ministre plénipotentiaire, Directeur de la Francophonie au Ministère égyptien des Affaires Étrangères
  • Gen. Hamani Djibo Harouna, Directeur de la Coopération militaire et des opérations de Maintien de la Paix, Ministère des affaires étrangères du Niger
    (modérateur)

Panel 4 - Le partenariat ONU, organisations régionales et sous-régionales :

  • S.E.Mme. Leila Zerrougui, RSSG des Nations unies en RDC, cheffe de la MONUSCO
  • S.E.M. Mahamat Saleh Annadif, RSSG des Nations unies au Mali, Chef de la MINUSMA
  • S.E.Mme. Joséphine-Charlotte Mayuma Kala, Représentante spéciale et Cheffe du Bureau de Liaison de l’Union africaine en Côte d’Ivoire
  • Dr. Arthur Boutellis, Expert, Professeur à la Columbia University de New York
    (modérateur)

Observatoire Boutros-Ghali

  • Avenue des Arts 7-8, 1210 Bruxelles
  • +32 (0) 484 942 792 

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